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Signes et traces dans l'œuvre poétique de Günter Eich

de Sandie Attia (Auteur)
©2017 Thèses 556 Pages
Série: Contacts, Volume 2

Résumé

L’étude porte sur les catégories signes (Zeichen) et traces (Spuren) dans l’œuvre poétique et les textes poétologiques de Günter Eich (1907-1972). Signes naturels, linguistiques, traces biographiques et intertextuelles, relevé de stigmates historiques (Spurensicherung) imprègnent l’œuvre sous forme d’images poétiques et de concepts poétologiques. Complémentaires ou opposés, ils éclairent le parcours complexe du poète, du déchiffrement des signes naturels au souhait tardif de « ne pas laisser de traces », de la collecte de traces au tracé de l’écriture (et à son effacement) dans des textes lus comme des palimpsestes d’écrits antérieurs. A partir de documents d’archives inédits, de bibliothèques d’auteurs et d’entretiens avec des proches du poète, le rôle des signes et des traces dans les relations entre écriture poétique et réalité exogène est examiné en croisant processus d’écriture et réception des textes, celle-ci orientant à son tour les tracés poétiques ultérieurs. Le traitement des signes et traces est à la fois un acte de déchiffrement et l’esquisse d’un nouveau balisage poétique (Zeichen-Setzung) du langage et du réel. Cette nouvelle approche de l'évolution de la poétique et de la poésie de G. Eich éclaire le rapport problématique du poète au réel, à la tradition lyrique et à l’histoire de son temps en situant son œuvre au confluent de problématiques romantiques anciennes et d’une nouvelle fonction de la poésie née de la situation historique.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Remerciements
  • Table des matières
  • Introduction
  • Signes et traces : définitions
  • 1. Profondeur de la trace
  • 2. Horizon de la trace
  • 2.1 Horizon philosophique
  • 2.2 Manifestations poétiques et poétologiques de la trace
  • 2.2.1 Traces romantiques
  • 2.2.2 Traces historiques
  • 2.2.2.1 Die Spur : quatre recueils poétiques
  • 2.2.2.2 Préservation des traces
  • 3. Paradoxes de la trace et du signe
  • 3.1 Paradoxes des traces et du tracé
  • 3.1.1 Sauvegarde des traces et tracé poétique
  • 3.1.2 L’impossible transmission : obscurité et illisibilité
  • 3.2 Paradoxes de l’effacement
  • 3.2.1 Effacement des traces et rupture historique
  • 3.2.2 L’indicible effacement
  • 3.2.3 Effacement et saturation, deux modes de disparition
  • État de la recherche et perspectives
  • 1. Signes et quête de sens
  • 2. Signes et représentation
  • 3. Signes et communication
  • 4. Des signes aux traces : problématiques et méthodes
  • 5. Définition du corpus : traces d’écriture
  • Première partie : Lecture des traces et tracé de l’écriture
  • Chapitre I : Traces dans la neige
  • 1. Effacement des traces et mot poétique dans les années 1930
  • 2. « Buchstaben im Weiß » – l’élaboration d’un contre-langage
  • 3. « Neiges d’antan » et autoréférentialité
  • 4. Bilan
  • Chapitre II : Oiseaux-signes
  • 1. La cristallisation du motif de l’oiseau-signe (années 1930)
  • 2. Ambivalences et diversité (années 1940–50)
  • 2.1 « … schweift ohne Zeichen ihr Flug »
  • 2.2 Signes magiques
  • 2.3 « Alphabete der Bitternis »
  • 2.4 Poésie et poétologie de l’oiseau-signe dans l’après-guerre
  • 2.4.1 Le cadre spatio-temporel de l’expérience
  • 2.4.2 La question du sens
  • 2.4.3 La quête poétologique
  • 3. Oiseaux désenchantés, volières vides et signes linguistiques (années 1960)
  • 4. Bilan
  • 4.1 Lecture et écriture du monde : verticalité, horizontalité
  • 4.2 Rôle de la subjectivité
  • 4.3 Problèmes de l’herméneutique du signe
  • Chapitre III : Le motif de la traduction
  • 1. Poésie de jeunesse : un sujet lyrique lecteur-créateur de signes
  • 2. « Romantisation » et transgression textuelle
  • 3. Représentation, transgression et traduction : le motif de la prairie
  • 4. Zu den Akten : affaire classée ou nouvelle poétologie ?
  • 4.1 « Verlassene Staffelei » : la fin de la représentation ?
  • 4.2 « Nicht geführte Gespräche » : traduction poétique et poétologique
  • 4.3 « Zum Beispiel » et l’univers alphabétique
  • Deuxième Partie : Tracé du moi, entre tradition poétique et stigmates historiques
  • Chapitre I : Présupposés de lecture et d’écriture : approche théorique
  • 1. La genèse de Abgelegene Gehöfte : paradoxes d’une composition à huit mains
  • 2. Déclarations d’intention : quelle Stunde Null ?
  • 2.1 « Der Schriftsteller 1947 » versus « Dichterexistenz »
  • 2.2 « Die Methode und die Intention des Pioniers » : le rêve d’un tracé neuf et autonome
  • 3. Les avatars d’« Inventur »
  • 3.1 « Inventur », un poème engendré par ses lecteurs
  • 3.2 « Inventur », ce bouche-trou
  • 4. Quelle lecture des poèmes d’après-guerre ? Questions de méthode
  • 4.1 Sujet empirique et sujet lyrique
  • 4.2 Question du Beau et Spurensicherung : Die nicht mehr schöne Kunst
  • 4.3 Tracé du Moi et traces de la tradition : problèmes théoriques
  • Chapitre II : Etudes de cas
  • 1. Nouvelle contextualisation des poèmes de jeunesse en 1948
  • 2. La « pression de l’Histoire et de la Tradition » dans les nouveaux poèmes de Abgelegene Gehöfte
  • 2.1 Réalité historique et charge sémantique
  • 2.1.1 Renvoi à des référents concrets de la réalité politique
  • 2.1.2 Détournement de discours idéologiques
  • 2.1.3 Citation et détournement de la tradition lyrique
  • 2.2 Poèmes de la captivité : textes et avant-textes
  • 3. Bilan : Abgelegene Gehöfte et les intentions du Kahlschlag
  • Chapitre III : Günter Eich et Wilhelm Lehmann
  • 1. La défense paradoxale de Wilhelm Lehmann
  • 1.1 Une condamnation ambivalente des « idyllistes sans cœur »
  • 1.2 Le jugement de Eich à l’épreuve des textes
  • 2. Admiration et dépendance : « das unverkennbare Vorbild »
  • 2.1 La correspondance de Eich et Lehmann jusqu’en 1948
  • 2.2 Dépendance, influences, modèle incontestable
  • 2.2.1 Aspects théoriques
  • 2.2.2 La reprise du modèle lehmannien dans des poèmes de Günter Eich
  • 2.2.2.1 « Wiepersdorf, die Arnimschen Gräber » : réminiscences magiques
  • 2.2.2.2 « Aurora » : copie, citation ou critique ?
  • 3. 1948–1962 : Ungültig ? – des affirmations de non-validité
  • 3.1 Abgelegene Gehöfte : « Welcher Mangel an Schönheit, an Poesie »
  • 3.2 De la trace lehmannienne au signe linguistique
  • 3.2.1 « (Die) Platanenpyramide » : l’article, la chose et sa désignation
  • 3.2.2 De « Winterliche Miniatur » à « Botschaften des Regens »
  • 3.2.3 « Himbeerranken » et « Früchte »
  • 3.3 « Ungültige Landkarte » : un autre modèle
  • 3.4 Epilogue – Oskar Loerke en question
  • 4. « Signatur » et « Unterschrift » dans les années 1960
  • 4.1 Déconstruction de traces littéraires
  • 4.2 Traces et tracé de la signature
  • 5. Bilan
  • Troisième Partie : « Nur keine Spuren hinterlassen » : effacer les traces, brouiller les pistes
  • Chapitre I : « Kunstmittel des Indirekten »
  • 1. « Die Kanaldeckel heben sich um einen Spalt »
  • 2. « Er hat wenig Macht » – inutilité de la littérature
  • 2.1 Fonction critique de la poésie
  • 2.2 Réactions au discours de Darmstadt
  • 2.3 Inutilité et « Nichtmehreinverstandensein »
  • Chapitre II : « Quer durch die Fährten gehn »
  • 1. « Wildwechsel » et l’apologie d’une écriture « à tort et à travers »
  • 2. Déraillements poétiques
  • 2.1 Collage et (dé)montage
  • 2.1.1 Fusion et collision des discours
  • 2.1.2 Faux guillemets et vraies citations
  • 2.2 Réel et fiction, approche interne – « Überall versagen die Quellen »
  • 2.3 Réel et fiction, approche externe – l’écriture et ses supports
  • Chapitre III : La « dématérialisation progressive » de l’écriture et du sujet
  • 1. Signes et traces dans quelques avant-textes
  • 1.1 « Waldblösse » : d’une définition du signe à une poétique de la méditation
  • 1.2 Le secret bien gardé de « Jaques Devant »
  • 2. Quel effacement du sujet ?
  • 2.1 Un sujet éclaté
  • 2.2 « In den Gedichten verstecke ich mich »
  • 2.3 Aquarelles du souvenir et cryptage poétologique dans « Gespräche mit Clemens »
  • Conclusion
  • Zusammenfassung
  • Bibliographie
  • 1. Œuvres de Günter Eich
  • 2. Documents d’archives et fonds privés
  • 2.1 Deutsches Literaturarchiv (DLA) Marbach, Handschriftensammlung
  • 2.2 Bayerische Staatsbibliothek (BSB) München
  • 2.3 Fonds privés et bibliothèques d’auteurs
  • 2.4 Articles de presse
  • 3. Œuvres d’autres auteurs
  • 4. Études critiques
  • 4.1 Littérature critique sur l’œuvre de Günter Eich
  • 4.2 Littérature critique sur les notions de signes et traces
  • 4.3 Littérature générale
  • Index des poèmes et Maulwürfe cités
  • Titres de la collection

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Introduction

« Das ist ein wunderbarer Stern, nein er ist ganz krumm, aber er ist für Dich1. » Tels sont les mots qui accompagnent l’étoile que Günter Eich a maladroitement tracée sur une carte postale destinée à Ilse Aichinger. Cette étoile imparfaite, qui le 24 septembre 1952 voyagea de Geisenhausen à Vienne, est devenue un leitmotiv dans l’écriture de Günter Eich. En 1970, le poète y consacre encore le Maulwurf « Sternzeichner » :

Das ist ein wun der ba rer Stern [sic]. Acht Striche, seit sechzig Jahren übe ich. Keine krummen Linien, keine Schleifen, alle Spitzen auf einem Kreis, aus der freien Hand. Ein wunderbarer Stern, mir gelingt er nicht, soviel ich auch übe. Eine Lebensaufgabe und ich weiß nicht, wie eilig sie ist. Soll man tun, was man kann, soll man tun, was man nicht kann?
Wirklich, Sterne sind eckig, haben Zacken, man braucht sie nur anzusehen. Sie ähneln meinen Versuchen mehr als dem wunderbaren. […] (I, 379)2

Entre ces deux dates, l’« étoile merveilleuse » de Günter Eich apparaît également dans une liste rassemblant tout ce qui, de près ou de loin, correspond à l’idée que celui-ci se fait d’un « signe ». Cette liste réalisée en 1957 est mentionnée dans le journal du poète sous le titre « Notizen über Signum und Metapher » (I, 369–370) : ← 15 | 16 →

Musik Signale
Hupzeichen
Paß
Triptik
Steinmetzzeichen
Hydrantenzeichen,
VerkehrszeichenPausenzeichen
Flutmarken
Die Radikale der chinesischen Schrift
Wappen
Verlagszeichen
Siegel Schaltschema
Monogramme Codewörter?
Satzzeichen Telegrammadressen?
Gaunerzinken Warenbezeichnungen?
WegmarkierungenKursbuchschlüssel?
TrigonometrischePunkte? Mathematische Formeln
Bojen?
Zeichen auf Landkarte, Landkarten überhaupt
Tierkreiszeichen
Grundrisse?Religiöse Symbolzeichen
FirmenzeichenStern, Swastika
Runen
Hieroglyphe nur in der Spätform
Astronomische Zeichen (für Planeten)
Ziffern
Mathematische Zeichen, z.B. √


Taktische Zeichen
img1 Das ist
ein
wunder-
barer Stern
Noten u. musikalische Zeichen
Taubstummensprache
Das Signum ist eine Entwicklung des Bildes zum Abstraktum
Kann sein!
Zu den Bildern Klees: Übergang von der Metapher, dem Bild, zum Signum in der Spätzeit
Winken und Kusshand haben zugleich Bild und Signalcharakter
Signale, SignalanlagenSexualzeichen
Flaggensignale(Vagina, in Bed. anstalten!)
Trommelsprache
Knoten und Schnüre der Indianer
Fährten
Buchstaben für sich genommen ← 16 | 17 →

D’après l’éventail hétérogène de « signes » que présente cette page, cette notion recoupe pour Günter Eich des réalités très diverses. Les signes cités se rattachent tour à tour au domaine de l’écriture (« Buchstaben für sich genommen », « mathematische Zeichen », « Hieroglyphe nur in der Spätform », « Runen »), de la communication au sens large (« Signale », « Taubstummensprache », « Hupzeichen ») ou encore de la représentation (« Grundrisse », « Zeichen auf Landkarte, Landkarten überhaupt »). Ils peuvent aussi avoir une fonction d’orientation (« trigonometrische Punkte », « Wegmarkierungen ») ou indiquer une appartenance (« Verlagszeichen », « Firmenzeichen », « Swastika », « Wappen »). Dans tous les cas, ils sont le produit d’une convention et sont codés pour signifier une chose qu’ils ne sont pas mais à laquelle ils renvoient. Eich explore dans sa liste différents degrés de ce codage plus ou moins arbitraire du signe, du symbole de la croix gammée aux pictogrammes des panneaux de signalisation, jusqu’à certaines représentations stylisées qui gardent une parenté plus forte avec une image visuelle, comme par exemple les cartes géographiques ou encore certains gestes de la communication quotidienne (« Winken und Kußhand haben zugleich Bild- und Signalcharakter »). C’est sur le ton de la boutade désinvolte que Eich formule sa théorie générale du signe : « Das Signum ist eine Entwicklung des Bildes zum Abstraktum. Kann sein ! ». D’après cette formule, le poète voit dans le signe une étape d’un processus dynamique allant de la reproduction fidèle du réel à l’abstraction pure. Sa définition n’a cependant rien de dogmatique, et les nombreux points d’interrogation essaimés sur la page montrent bien qu’aucune règle immuable n’est avancée. Günter Eich se contente d’explorer dans une démarche expérimentale divers degrés de stylisation et d’abstraction du signe, qui inclut pour lui des réalités aussi diverses que le symbole, le pictogramme, l’idéogramme, ou même la trace. En effet, « Flutmarken » désigne certes une marque destinée à indiquer aux générations suivantes le niveau atteint par un cours d’eau en crue, mais il s’agit aussi d’une conservation de traces réelles, que le tracé rehaussé et « officialisé » par l’action humaine ne fait que rendre plus visibles et lisibles. L’élément de la liste qui se rattache le moins à une convention et à un sens volontairement codé reste « Fährten », qui est davantage du domaine de la trace que du signe véritable. ← 17 | 18 →

Cette liste de 1957 n’est pas le fruit d’une réflexion isolée de Günter Eich. Au contraire, elle est profondément liée à sa conception de l’écriture et à des préoccupations qui parcourent toute sa production poétique. Les « signes » cités en 1957 sont le résultat d’une activité de réflexion qui, dans un même temps, récapitule des images de son œuvre passée et ouvre de nouvelles pistes que le poète développera dans des textes ultérieurs.

L’œuvre poétique de Günter Eich, mais également ses déclarations poétologiques, regorgent en effet de signes et de traces. En 1949, le poète effectue lors d’une interview un parallèle explicite entre ces images et la nature même de ses poèmes. A Karl Schwedhelm qui, après avoir rappelé la formation de sinologue de Eich, constate des similitudes entre ses textes et des dessins extrême-orientaux, comme par exemple des lavis à l’encre de Chine, le poète répond :

[…] ich empfinde eine gewisse Verwandtschaft überhaupt des Gedichts zu einem chinesischen Schriftzeichen, worin also der Sinn konzentriert ist, wo nicht alphabetisch oder lautlich das Wort ausgedrückt wird, sondern durch ein Sinnbild; also in äußerster Komprimierung. […] Es ist das Ganze ein Zeichen sozusagen, eine Hieroglyphe. (IV, 483–484)

Dans cette définition de l’écriture poétique, Eich mêle des emprunts à différentes cultures, alliant l’évocation de l’écriture chinoise à celle de hiéroglyphes qui seraient plutôt d’origine égyptienne. Le point commun de ces systèmes de représentation reste leur qualité d’idéogrammes, et ainsi la prévalence de l’aspect visuel de l’image signifiante : le tracé signifiant se situe entre l’image et le mot3, ce qui n’est pas sans rappeler la définition du signe précédemment citée : « Das Signum ist eine Entwicklung des Bildes zum Abstraktum » (IV, 370).

Ces réflexions font écho à tout un réseau d’images qui apparaissent au niveau interne de ses textes poétiques : « Ich will die Spuren schaun im Sande, / die bald vergehn » (I, 60), « verwirrte Zeichen, ← 18 | 19 → von Asche gestreut » (I, 56), « Rost- und Regenzeichen » (I, 97), « Hydrantenzeichen » (I, 106), « Blutspur des Holunders » (I, 106), « Hasenspuren » (I, 127), « Leuchtzeichen » (I, 133), « Satzzeichen » (I, 160), « das Mehl des Holzwurmes in hieroglyphischer Spur » (I, 209), etc. Une liste exhaustive des occurrences des termes « Zeichen » et « Spur » dans les poèmes serait très longue. L’essentiel est de constater que les signes et les traces sont thématisés dès les années 1930 et parcourent la totalité de l’œuvre poétique. Ces phénomènes sont divers et complexes, depuis les signes et traces observés dans le monde naturel jusqu’au souhait de « ne pas laisser de traces » (« Nur keine Spuren hinterlassen » – I, 181) exprimé en 1972 dans le dernier recueil poétique, en passant par les signes de ponctuation, les signaux de fumée, ou encore les traces dans la neige. Entre la trace que l’on suit, la trace que l’on laisse, celle que l’on efface ou qui s’efface, le rapport à la trace est lui aussi fluctuant. Dans les poèmes, la trace est tour à tour à lire et à écrire, résultat et point de départ, désirée et dissimulée. De plus, si certains signes ou certaines traces se lisent facilement à la surface des textes, d’autres restent plus enfouis, plus secrets, traces non formulées ou peut-être signes de l’informulable : les poèmes ne se limitent pas aux signes et aux traces directement visibles et lisibles dans les textes, mais sont eux-mêmes constitués d’autres traces et d’autres signes qui, avant même d’être suivis, remontés ou interprétés, demandent à être recherchés et dévoilés. La difficulté à définir et limiter ce qui est signe et trace est due à l’extrême richesse sémantique de ces termes, complexes et fuyants. Quelles relations peut-on établir entre ces deux notions, et quels enjeux soulèvent-elles pour la lecture de l’œuvre poétique de Günter Eich ? ← 19 | 20 →


1 Deutsches Literaturarchiv Marbach [DLA Marbach], Signatur: A: Eich – Zugangs­nummer: HS.2005.0006.

2 L’édition de référence du travail est la dernière édition des œuvres complètes de Eich : Günter Eich: Gesammelte Werke, revidierte Ausgabe, Bd. I-IV, hrsg. von Karl Karst u. Axel Vieregg – Frankfurt a. M.: Suhrkamp, 1991. Dans les citations ou simples renvois au texte, les chiffres romains indiquent le volume, les chiffres arabes la page.

3 Sur les relations qu’entretiennent les hiéroglyphes égyptiens et les idéogrammes chinois avec les notions d’image, icône et figure, cf. Sigurd Martin: Die Auren des Wort-Bildes. Günter Eichs Maulwurfspoetik und die Theorie des versehenden Lesens – St. Ingbert: Röhrig, 1995, pp. 26–35.

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Signes et traces : définitions

La confrontation des éléments observés – les « signes » dont Günter Eich fait la liste en 1957, sa définition du poème comme « signe » et enfin l’emploi qu’il fait de ce terme dans les poèmes – fait ressortir un problème fondamental de cette notion chez Eich : alors que les signes qu’il cite dans sa liste sont des outils de communication, les poèmes, selon la définition qu’il en donne, ont au contraire pour propriété de retenir le sens ; ils sont qualifiés de « Sinnbild » et concentrent le sens (« wo der Sinn konzentriert wird »), ce qui ne signifie pas qu’ils le délivrent ou le rendent accessible. De l’aveu du poète, ses textes restent par essence des « hiéroglyphes ». Il y a donc une contradiction entre une « sémiotique » destinée à communiquer – celle que révèle la liste de 1957 – et une poésie qui justement refuse le sens, et ainsi entre l’extension ou propagation des signes et ce qui annonce une restriction de la fonction signifiante de la poésie.

Les notions de « signe » et « trace » ne sont pas équivalentes : la trace n’est pas fondamentalement liée au sens comme le signe. Le mot « Spur » est d’ailleurs un terme que le poète emploie fréquemment dans ses textes poétiques, mais que nulle part il ne rattache à une réflexion théorique. Il convient de mettre en évidence la complexité inattendue de cette notion.

1.   Profondeur de la trace

Au cours des dernières années, la « trace » s’est de plus en plus trouvée au centre des préoccupations et a fait l’objet de plusieurs études théoriques : en 2005 a été organisé à Lille un colloque intitulé « A la trace. ← 21 | 22 → Enquête sur le paradigme indiciaire »4 ; deux ans plus tard, Sybille Krämer a publié Spur. Spurenlesen als Orientierungstechnik und Wissenskunst, devenu rapidement un ouvrage de référence en sciences humaines5 ; enfin, en 2008, une entrée du Metzler Lexikon Literatur- und Kulturtheorie est pour la première fois consacrée au terme « Spur »6. De manière générale, les recherches récentes sur la trace touchent à des domaines très divers, allant de la sémiologie à l’esthétique7, en passant par les sciences culturelles et les sciences des médias8. Les études sur la lecture et l’interprétation des traces (Krämer) côtoient des publications sur leurs enjeux philosophiques ou esthétiques, ou encore sur la conservation des traces et vestiges9. ← 22 | 23 →

Il semble que cet intérêt des sciences humaines pour la notion de trace ait été éveillé par des travaux initiés à la fin des années 1970 : en 1978, Carlo Ginzburg publie à Turin un article intitulé « Traces. Les racines d’un paradigme scientifique »10, qu’il republie sous une forme retravaillée l’année suivante, cette fois sous le titre « Traces. Les racines d’un paradigme indiciaire »11. Par la suite, plusieurs ouvrages de Ginzburg précisent et approfondissent cette notion de « paradigme indiciaire »12, qui est encore étudiée mais aussi remise en question lors du colloque de Lille en 2005. L’évolution des travaux de Ginzburg révèle aisément la définition qu’il attribue à la trace : si ce terme est au cœur de ses premiers travaux, c’est vers les notions de signe et d’indice ← 23 | 24 → que s’oriente peu à peu son intérêt. Dès le début de ses recherches, la trace est déjà pour lui un signe, elle est porteuse de sens. Ginzburg s’intéresse avant toute chose à la sémiologie et à la sémantique de la trace, occultant d’autres aspects qui font sa spécificité en la distinguant justement du signe et de l’indice.

Cette direction de recherche est prolongée par Sybille Krämer, qui étudie la lecture des traces dans une perspective épistémologique13. Indissociables du phénomène de lecture, les questions de déchiffrement du sens et d’interprétation se trouvent au centre de son travail. Krämer, tout en soulignant les réalités très diverses que recouvre le concept de trace, considère sa fonction d’orientation et les actions pratiques et théoriques qu’elle engendre comme des caractéristiques fédératrices. Cependant, loin de réduire la trace à un « porteur de sens », elle indique plusieurs attributs qui lui sont propres. Parmi ceux qui la distinguent justement du signe et de l’indice, on peut citer particulièrement la matérialité de la trace, son caractère immotivé, ainsi que l’absence de ce qui l’a laissée :

Spuren gehören der Welt der Dinge an. Nur kraft eines Kontinuums in der Materialität, Körperlichkeit und Sinnlichkeit der Welt ist das Spurenhinterlassen und Spurenlesen also möglich. Der Zusammenhang zwischen Urheberschaft und Spur ist nach Art einer Ursache-Wirkung-Relation zu denken; er beruht weder auf Ähnlichkeit (wie im Abbild) noch auf Konventionalität (wie im Symbol). Die Materialität der Spur – anders als beim Zeichnen – subordiniert sich nicht der Repräsentation. Spuren repräsentieren nicht, sondern präsentieren. Und überdies: Wie alle Dinge zeigen sie nur und reden nicht.14

Contrairement aux signes, les traces sont le résultat de quelque chose de non-intentionnel, involontaire, incontrôlé. Elles ne sont d’ailleurs pas « faites » de manière consciente, mais bien « laissées » involontairement, et « même l’effacement des traces laisse des traces »15, de manière tout aussi involontaire. Enfin, la trace se situe au croisement de la présence et de l’absence : ← 24 | 25 →

Die Anwesenheit der Spur zeugt von der Abwesenheit dessen, was sie hervorgerufen hat. In der Sichtbarkeit bleibt dasjenige, was sie erzeugte, gerade entzogen und unsichtbar […]. Die Spur macht das Abwesende niemals präsent, sondern vergegenwärtigt seine Nicht-Präsenz; Spuren zeigen nicht das Abwesende, sondern vielmehr dessen Abwesenheit.16

Ces distinctions opérées par Sybille Krämer, très éclairantes pour différencier la trace du signe, peuvent être prolongées sur quelques points. Comme l’a expliqué Krämer, la trace a cette particularité d’être en continuité avec le corps dont elle est issue. Immédiate, matérielle, elle semble se situer – et peut-être même se constituer – au croisement de l’haptique et de l’optique. Sa nature même est de renvoyer celui qui la découvre vers un élément désormais absent qui l’a constituée, mais dont subsiste cependant quelque chose. La présence de la trace étant donc elle-même inscription d’une absence, elle touche à une phénoménologie de la disparition : une trace entièrement effacée n’en serait plus une ; de même, une trace qui ne renverrait à aucun absent, se donnant entièrement dans l’immédiateté de sa présence pure, ne serait trace de rien, et ne serait donc pas trace. C’est cet équilibre précaire entre absence et pure présence, cette oscillation permanente entre apparition première et effacement définitif, qui caractérise la trace :

Celle-ci n’est une trace que si en elle la présence est immédiatement dérobée, dès sa première promesse, et si elle se constitue comme la possibilité d’un effacement absolu. Une trace ineffaçable n’est pas une trace.17

La trace est donc à la fois présence et absence, mais aussi passé et virtualité. C’est cette réalité fuyante qu’évoque Dietmar Kamper dans Ästhetik der Abwesenheit :

Die Spur ist nicht einfach vorhanden. Sie kann auch nicht vorgestellt werden. Sie ist der Effekt eines Fehlens. Sie geht weder der Erfahrung noch der Phantasie ins Netz. Die Spur heißt Absenz und Entzug. Sie ist die Absenz dessen, wovon sie Spur ist. Sie entzieht sich dem Begriff und läßt der Ergriffenheit kaum eine Chance. Dennoch brennt sie unmißverständlich an der Außenkante des menschlichen Begehrens – profane Erleuchtung. Die Spur kann nicht gesehen, beschrieben ← 25 | 26 → oder gar berechnet werden. Sie ist also keine Angelegenheit der Abstraktion und der geminderten Dimensionalität. Sie ist die schmerzende Realität des entfernten Körpers, die Leerstelle, wo es war.18

Ainsi, les mots trace / Spur seraient une désignation abstraite marquée par une inadéquation essentielle avec une réalité fuyante qui, elle-même, se contente de renvoyer à un ailleurs fondamental, à une absence qui échappe autant à l’expérience qu’à l’imagination.

C’est pourtant cette réalité insaisissable que le vingtième siècle n’a eu de cesse d’explorer. Ce siècle semble être celui d’une perpétuelle quête de traces, mais aussi d’un brouillage des pistes qui a conduit à des redéfinitions et remises en cause permanentes de cette notion. Après Ernst Bloch et Walter Benjamin, au siècle de Wilhelm Lehmann, Ingeborg Bachmann ou encore Paul Celan, la trace, sans cesse définie et souvent détournée, ne peut plus être la même : le mot Spur tel que l’emploie Günter Eich est lui-même empreint de toute une tradition philosophique, poétique et poétologique d’un siècle que les traces ont fasciné. Etudier la problématique des traces dans l’œuvre de Eich, c’est donc avant tout explorer les diverses couches sémantiques qui ont façonné cette notion pour y resituer celles qu’il a lui-même laissées.

2.   Horizon de la trace

La notion de trace telle qu’elle apparaît dans l’œuvre de Günter Eich est imprégnée de tout l’horizon philosophique du début du vingtième siècle, mais aussi de ses diverses occurrences dans la poésie et la poétologie contemporaines de l’œuvre de Eich. ← 26 | 27 →

2.1   Horizon philosophique

Spur und Aura. Die Spur ist Erscheinung einer Nähe, so fern das sein mag, was sie hinterließ. Die Aura ist Erscheinung einer Ferne, so nah das sein mag, was sie hervorruft. In der Spur werden wir der Sache habhaft. In der Aura bemächtigt sie sich unser.19

Cette définition de la trace et de l’aura que Walter Benjamin donne au cours des années 1930 dans le Livre des Passages a fait date. De cette formule chiasmatique, consciemment sibylline, deux points principaux sont à retenir pour une caractérisation de la trace. D’une part, la dialectique entre le proche et le lointain reprend celle de la présence et de l’absence. Il y a dans les choses une grandeur que l’on ne peut approcher, comme une transcendance, une étrangeté qui se dérobe constamment. Cette absence fondamentale, ce « lointain », comme la nomme Benjamin, même insaisissable, reste palpable, tangible, dans la concrétude de la trace. La trace est ce qui fait signe au-delà de lui-même. D’autre part, Benjamin maintient l’équivoque entre sujet et objet dans la formule « so fern das sein mag, was sie hinterließ » : la trace est-elle laissée par quelque chose de lointain ou bien laisse-t-elle derrière elle ce lointain, tel un sillage qui lui serait consubstantiel ? La formule de Benjamin, dont la complexité est intraduisible en français, reste en suspens dans cet entre-deux : « ce qui l’a laissée » pourrait être aussi bien « ce qu’elle a laissé ». La tension entre trace-sujet et trace-objet pourrait se résoudre dans la proposition suivante : une réalité lointaine laisse une trace qui, elle-même, renvoie vers ce lointain, au-delà du réel empirique. Mais cette résolution toute relative ne serait en fait qu’une gradation supplémentaire insistant encore sur ce caractère fuyant de la trace. Dans la dynamique même de la phrase et l’impossibilité de la figer dans une signification unique se lit le mouvement constant de la trace qui opère une dialectique de l’ici et de l’ailleurs.

Cette définition de Benjamin et ses conséquences doivent être lues à la lumière des Traces d’Ernst Bloch, qui constituent en 1930 un recueil bigarré d’histoires, de faits divers, de légendes, d’anecdotes et ← 27 | 28 → de souvenirs placé de manière programmatique au début de l’édition des œuvres complètes de Bloch20. Les deux philosophes manifestent un intérêt pour l’infiniment petit, le détail dans la banalité et l’abondance de « signaux » dont regorge le réel :

Immer mehr kommt unter uns daneben auf. Man achte auf kleine Dinge, gehe ihnen nach. Was leicht und seltsam ist, führt oft am weitesten. […] Außer dem Vergnügen, das [die] Geschichte vermittelt, schafft hier doch noch ein Eindruck: was war hier, da ging doch etwas, ja, ging auf seine Weise um. Ein Eindruck in der Oberfläche des Lebens, so daß diese reißt, möglicherweise.21

Ainsi s’ouvre l’un des textes des Traces (« Das Merke »), annonçant d’emblée la poétique de toute une œuvre qui s’efforce de chercher dans les phénomènes du monde un sens qui les transcende : « Aus Begebenheiten kommt da ein Merke, das sonst nicht wäre; oder ein Merke, das schon ist, nimmt kleine Vorfälle als Spuren und Beispiele22. »

La trace renferme selon Bloch un sens latent qui appelle un déchiffrement. Le grand apport de ce texte réside dans le rôle central qu’il confère à la subjectivité : non seulement la subjectivité lit les traces du réel, mais elle les crée (« nimmt als Spuren »). Sans subjectivité, point de traces ; le monde se réduirait à une pure présence, une surface neutre sans profondeur et sans relief, sans ouverture vers un au-delà de la réalité immédiate. Pour Bloch, tout élément de la réalité quotidienne est susceptible de devenir « trace » et de transcender ainsi cette réalité première. Le monde empirique porte en lui les germes de l’utopie : « […] ganz seltsam geht mehr darin um, der Fall hat es in sich, dieses zeigt oder schlägt er an »23, écrit Bloch. « Was jetzt und hier ist, das kann nicht alles sein »24, commente Adorno, qui explique : ← 28 | 29 →

Ein geknickter Zweig, ein Abdruck drunten im Boden spricht zu dem knabenhaft kundigen Auge, das sich nicht bei dem bescheidet, was jeder sieht, sondern spekuliert. Hier steckt etwas, hier ist etwas verborgen, mitten in der normalen, unauffälligen Alltäglichkeit: Der Fall hat es in sich. Was es ist, weiß keiner so recht, […] und je unbekannter das, wovon die Spur herrührt, desto nachdrücklicher will das Gefühl, eben dies sei es. Daran heftet sich die Spekulation […] und experimentiert tastend mit der Deutung.25

La signification profonde du réel est ainsi foncièrement équivoque, multiple, toute entière déterminée par cette « spéculation » qui invite le sujet à voir derrière la surface sclérosée des apparences en « bris[ant] la croûte qui s’est formée à la surface de la vie » (« […] die verkrustete Oberfläche des Lebens zu durchbrechen »26). C’est la définition que Benjamin donne de l’imagination dans Einbahnstraße :

Das Vermögen der Phantasie ist die Gabe, im unendlich Kleinen zu interpolieren, jeder Intensität als Extensivem ihre neue gedrängte Fülle zu erfinden, kurz, jedes Bild zu nehmen, als sei es das des zusammengefaßten Fächers, der erst in der Entfaltung Atem holt […].27

Lire la trace, c’est ainsi creuser les apparences et tenter d’en approcher, par recoupements, le sens enfoui. Chez Bloch, un tel déchiffrement de la trace par approche oblique est résumé par le terme « Passage-Denken » ou encore « Spurenlesen kreuz und quer » :

Es sind kleine Züge und andre aus dem Leben, die man nicht vergessen hat; am Abfall ist heute viel. […] Es ist ein Spurenlesen kreuz und quer, in Abschnitten, die nur den Rahmen aufteilen.28 ← 29 | 30 →

L’expérience de cette « pensée du passage », de la « lecture de traces en tous sens », touche dans les textes de Bloch et Benjamin les domaines d’expérience les plus divers. Les Traces de Bloch se présentent comme un déroutant bric-à-brac philosophique où alternent souvenirs d’enfance, anecdotes et fragments d’expériences dans le Berlin et le Munich des années 1920. Cette démarche de passant, de flâneur dans le siècle, est surtout le propre de Benjamin. En 1928, celui-ci rassemblait dans Einbahnstrasse aphorismes et miniatures philosophiques, souvenirs personnels et considérations critiques sur les illusions perdues de l’enfance et sur l’état de son siècle. La grande œuvre benjaminienne inachevée, le Livre des Passages, se lit quant à elle comme une allégorie de la modernité, emblématisée par les passages dans les grandes villes. Chez les deux philosophes, l’image du passage caractérise cette attitude d’observation critique de l’époque, mais aussi l’architecture interne de l’œuvre29 et le fonctionnement de la pensée à l’œuvre dans ces textes : « Spurendenken kreuz und quer ».

L’intérêt de Benjamin porte sur la quête et le recensement d’objets ou d’événements qui deviennent emblèmes d’une époque révolue et annoncent le tournant vers l’époque nouvelle qui se profile. Dans le chapitre des Passages intitulé « Das Interieur, die Spur », les traces d’une époque se donnent à lire dans des éléments symptomatiques d’un intérieur bourgeois30, amoncellement de signes historiques épars de l’Allemagne au temps de l’Empire et de la République de Weimar, mais aussi dans l’œuvre des grands auteurs : si la modernité des grandes villes est avant tout emblématisée par le Passage de l’Opéra du Paysan de Paris ← 30 | 31 → d’Aragon, l’un des livres de chevet de Benjamin, le philosophe cite également, dans sa « théorie de la trace », Balzac, Rousseau ou encore Joseph Conrad, eux-mêmes fins exégètes de leur temps31. L’image du livre des Passages présenté comme un livre-architecture montre à quel point signes et traces sont liés à des phénomènes de lecture et d’écriture à plusieurs niveaux, réels et métaphoriques.

Résumé des informations

Pages
556
Année
2017
ISBN (PDF)
9783034325219
ISBN (ePUB)
9783034325226
ISBN (MOBI)
9783034325233
ISBN (Broché)
9783034325172
DOI
10.3726/b11222
Langue
français
Date de parution
2018 (Février)
Mots clés
Wilhelm Lehmann poésie de langue allemande poésie du XXe siècle Kahlschlag Stunde Null poésie de la nature trace signe critique génétique intertextualité esthétique de la réception romantisme poétologie
Published
Bern, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2017. 548 p., 2 ill. n/b

Notes biographiques

Sandie Attia (Auteur)

Sandie Attia est maître de conférences en études germaniques à l’Université de la Réunion depuis 2010 et membre de l’EA DIRE (Déplacements, Identités, Regards, Ecritures, EA 7387).

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Titre: Signes et traces dans l'œuvre poétique de Günter Eich
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