Introduction : Le cancer de la prostate figure comme la tumeur la plus fréquente chez l’homme dans
les pays occidentaux. Avec l’intensification du dépistage du cancer de la prostate par le dosage du PSA
et par le toucher rectal, une hausse des cancers à faible risque de malignité a été observée. Pour ces
cancers qui ont peu de chance d’évoluer vers une maladie agressive, la stratégie curative s’est orientée
au fil des années vers la surveillance active, qui est une option thérapeutique largement validée par de
grandes études. L’itinéraire clinique s’est enrichi ces dernières années d’un outil dont le rôle a de plus
en plus d’importance : l’IRM multiparamétrique. Grâce à une méthode de fusion d’images, les biopsies
de la prostate peuvent désormais être ciblées sur des lésions suspectes, permettant ainsi d’augmenter les
chances de prélever des zones potentiellement atteintes par le cancer et de diminuer le nombre de biopsies.
Le rôle de l’IRM multiparamétrique n’est cependant pas encore clairement défini, son utilisation
permettrait notamment d’améliorer les critères d’inclusion dans les protocoles de surveillance active
ainsi que de détecter précocement une progression de la maladie afin d’optimiser la classification dans
différents groupes à risque.
Objectifs du travail de mémoire : Evaluer l’impact de l’IRM multiparamétrique dans la pratique du
centre de la prostate du CHUV ainsi que son utilité dans la surveillance active pour les patients atteints
d’un cancer localisé de la prostate.
Méthode : Sélection et analyse de tous les patients ayant bénéficié d’une prostatectomie radicale au
CHUV entre septembre 2007 et juillet 2016. Sélection et analyse des patients inclus dans un protocole
de surveillance active d’une étude prospective du CHUV débutée en 2012 et toujours en cours.
Résultats : Au total, 278 prostatectomies ont été analysées, la proportion de patients ayant une maladie
à faible risque selon la classification de d’Amico est passée de 50% en 2007 à 8% en 2015. Concernant
la surveillance active, 61 patients ont été inclus dans le protocole, 7 ont été écartés car n’ayant pas
bénéficié d’IRM multiparamétrique à leur entrée dans l’étude. Pour les 54 patients analysés, il a été
démontré qu’il y a une corrélation significative entre positivité de l’IRM initiale et progression de la
maladie pendant la surveillance (p = 0.002). Une corrélation significative entre positivité des IRM durant
la surveillance active et progression sur les biopsies a également été constatée (p = 0.000086).
Conclusion : Ce travail confirme l’impact de l’IRM sur la baisse du taux de prostatectomies effectuées
pour des cancers à bas risque et montre qu’elle joue un rôle de test de triage afin de sélectionner les
patients qui devraient bénéficier d’un traitement actif. Ce travail a permis aussi de mettre en avant que
l’IRM joue un rôle majeur dans la classification initiale des patients dans différents groupes à risque et
dans le suivi en général pour détecter une progression de la maladie et reclassifier les patients.